L’acné, pas une fatalité
Qu’on ait 15 ou 30 ans, on vit mal d’avoir des boutons. L’acné est hyper répandue, puisqu’elle touche plus de 80% des adolescents et 40% des femmes adultes. La bonne nouvelle : il existe des solutions.
Sophie G., notre tête chercheuse a rencontré une dermatologue experte de l'acné et une consommatrice pour faire le point:
SG : Docteur, expliquez-nous l’acné. Comment définir l’acné ?
Dr. B : L’acné est une pathologie inflammatoire du follicule pilo-sébacé, qui a plusieurs origines :
• un épaississement de la couche cornée au niveau du canal folliculo-sébacé (hyperkératinisation)
• une sur-production de sébum.
• la colonisation de la peau par une bactérie appelée Cutibacterium-acnes (C-acnes)
• un déséquilibre du microbiote cutané qui contribue à l’inflammation cutané
• une prédisposition génétique, surtout si la mère a eu de l’acné
• une influence hormonale puisque l’acné touche les adolescents et les femmes dont la peau est sensible à de petites doses d’androgènes
• les facteurs environnementaux (l’exposome) : pollution, tabac, stress, alimentation.
SG : Quelle est la différence entre l’acné des adolescents et celle de la femme adulte ?
Dr. B : On dit désormais qu’il y a “des acnés“. Celle des adolescents, caractérisée par une peau grasse et des boutons sur le front, les ailes du nez, le menton et parfois, dans les cas plus sévères, le décolleté et le dos. Cette acné est mesurée par une échelle, de modérée à sévère.
Et celle de la femme adulte, avec plutôt des boutons sur le bas du visage, à prédominance inflammatoire, sous-cutanés et douloureux, des pores dilatés et des poussées pré-menstruelles.
SG : Quels sont les traitements prescrits ?
Dr. B : Cela dépend de la sévérité de l’acné, du type de lésions - rétentionnelles (comédons, microkystes) ou inflammatoires (nodules, papules) - et des risques cicatriciels. En première intention, on va prescrire des rétinoïdes topiques (acné rétentionnelles) ou du peroxyde de benzoyle (acné inflammatoire).
Pour une acné modérée, on choisit des traitements combinant deux molécules agissant en synergie, que l’on peut coupler avec un traitement médicamenteux oral (antibiotiques, ou gluconate de zinc). Pour l’acné sévère, seule l’isotrétinoïne, encadré et surveillé, a un véritable effet curateur. En complément, le dermatologue doit réaliser peeling et nettoyage de peau tous les 3-4 mois.
SG : Pourquoi l’acné est-elle récidivante ?
Dr. B : Chez les femmes, on dit même qu’elle est désespérément récidivante ! L’acné est une pathologie chronique. Pour s’en débarrasser, il faut suivre son traitement avec assiduité. Et pour éviter la récidive, continuer par un traitement d’entretien avec un rétinoïde topique 2 à 3 fois par semaine et des cosmétiques bien adaptés.
Anne-Sophie, 24 ans
« A l’adolescence je n’avais pas vraiment d’acné. Et puis, il y a deux ans, j’ai arrêté la pilule et dans la foulée, on m’a découvert un syndrome des ovaires polykystiques. Une acné importante, qui en est une des manifestations possibles, s’est installée, laissant des marques, des cicatrices.
J’ai essayé des produits de toutes sortes de marques, y compris assez onéreux.
Et puis, à force de tout essayer, un jour, une conseillère en parapharmacie m’a proposé une nouvelle gamme de produits dermo-cosmétiques qui venait d’être lancée. J’ai acheté le sérum et la crème hydratante, qui en plus ne sont pas chers. En moins de deux semaines, ma peau avait vraiment changé. J’avais moins de boutons, et les cicatrices s’étaient atténuées. J’ai arrêté cet été. Depuis, je laisse ma peau au repos. »
SG : Quelles autres solutions que les médicaments ?
Dr. B :
• Les bons cosmétiques, évidemment !
Les soins non comédogènes et les nettoyants doux sont essentiels en accompagnement des traitements médicamenteux. Ce sont même les premières options pour les acnés modérées et les femmes enceintes. Et, surtout, on continue à les utiliser pendant le traitement d’entretien.
Les bons actifs : le zinc, les acides de fruits ou l’acide salicylique, et les actifs anti-inflammatoires (niacinamide, gluconolactone)…
• Une alimentation saine
On oublie ou en tous cas on limite la malbouffe. Et oui, les aliments à indice glycémique élevé (gras, sucre, céréales raffinées) ne font pas seulement grossir, ils favorisent aussi l’acné, comme la surconsommation de produits laitiers (plus de trois par jour). En revanche, oui aux poissons gras, noix, noisettes riches en oméga-3
• Les compléments alimentaires et probiotiques
Isoflavones de soja, polyphénols de thé vert, probiotiques (lactobacillus rhamnosus SP1) pourraient améliorer l’acné, selon certaines études.
• Les traitements esthétiques
LED -bleues et rouges- et laser à colorant pulsé peuvent améliorer la composante anti-inflammatoire de l’acné, qui existe chez les adolescents mais est majoritaire dans les lésions de la femme adulte. Un traitement par énergie lumineuse fluorescente, Kleresca, réduit lui aussi l’inflammation, et au final l’acné de deux grades pendant 6 mois à un an.
SG : Les bons gestes : on a beau le savoir, autant le dire et le redire !
Dr. B :
• Ne pas toucher ses boutons ou points noirs, sinon marques et cicatrices assurées
• On ne décape pas sa peau avec des lotions ou des gommages, cela ne fait que relancer la production de sébum de plus belle
• Bye bye les fonds de teints trop couvrants qui peuvent être comédogènes et favoriser l'apparition de nouveaux boutons. En plus, ce n’est vraiment pas beau. Mieux vaut une crème teintée spécifique peaux grasses à imperfections.
SG : Quelles sont les voies d’avenir ?
Dr. B : de nouveaux traitements émergent :
• Le trifarotène, un nouveau rétinoïde avec moins d’effets secondaire et mieux toléré,
• Des anti-androgènes topiques,
• Un inhibiteur de l’acétyl-coenzyme A carboxylase qui réduit la production de sébum,
• Un gel d’oxyde nitrique qui inhiberait le C.acnes,
• Un nouvel antibiotique plus sélectif et anti-inflammatoire, la sarécycline,
• Un vaccin, mais alors qui vacciner et quand ?